Avant-projet de la nouvelle constitution : LIMAMA s’oppose à l’expression « laïcité », recommande des changements !
Au nombre de plus de 200 fidèles, ils étaient réunis, ce 10 janvier 2023 au siège de la LIMAMA, ligue malienne des Imams et Erudits pour la Solidarité islamique, pour un point de presse visant à se prononcer sur l’avant-projet de la nouvelle constitution du Mali. Avec à leur tête imam Gaoussou Sidiki Minta, secrétaire général de la ligue, les musulmans évoquent « les virus français dévastateurs » inclus dans le document. Ils s’opposent à l’expression « laïcité » et recommandent de changements.
Parlant d’une seule voix, les fidèles réunis se disent persuadés que le Mali appartient à tous, gouvernants comme gouvernés. De ce fait, ils estiment que les musulmans ne peuvent aucunement rester indifférents par rapport à la teneur de cet avant-projet de la nouvelle constitution du pays. Les conférenciers se disent sûrs qu’ils ont des mots à dire à ce sujet dominant du jour. Sur la base d’une déclaration commune, les Imams et Erudits tiennent à rappeler ceci : « Après 70 ans de colonisation et 62 ans de souveraineté nationale et internationale, le Mali se trouve à un tournant décisif de son histoire ». Lequel tournant est, précisent-ils, dû à une crise multidimensionnelle. D’où la nécessité de rédiger une nouvelle constitution pour un Mali nouveau. Ainsi, confie la ligue, l’avant-projet de la nouvelle constitution « qui nous a été soumis est sans doute le fruit d’un labeur inspiré d’un patrimoine sans faille ». A qui veut l’entendre, les musulmans attestent que le document prend en compte les préoccupations de la majorité écrasante des Maliens. Visiblement d’avis de presque toutes les parties de cet avant-projet, ils trouvent qu’il y a certaines expressions qui méritent d’être revues par les nouvelles autorités. En clair, peut-on soutenir, il s’agit quasiment de toutes les parties où le mot laïcité suscite de doute, de tension ou de débat aux yeux des musulmans du Mali. Les fidèles pointent du doigt le préambule de l’avant-projet et mettent singulièrement l’accent sur les pages 3 et 4. Ils évoquent le 14ème paragraphe en suggérant le remplacement de l’expression « laïcité » de l’Etat par la « multi confessionnalité de l’Etat » du Mali.
Quant au 18ème paragraphe, ils sollicitent à ce que les nouvelles autorités cherchent une « adéquation entre nos valeurs sociétales et les traités et accords sous régionaux, régionaux et internationaux ratifiés par le Mali ». Pour ce qui est le titre I de l’avant-projet de la constitution en vue, consacré aux droits et aux devoirs des Maliens, les conférenciers soulignent les pages 4 et 5.Ils mettent l’accent sur l’article 11 et demandent la suppression pure et simple du mot « laïc ».Parlant du chapitre I de l’Etat, ils se sont penchés sur le 1er paragraphe de l’article 30 en plaidant pour le « remplacement de l’expression laïque » par « multi confessionnelle ». Les conférenciers désapprouvent le contenu de l’article 32 et conviennent de la suppression « de tout son contenu ». Ils tirent la sonnette d’alarme et précisent ceci aux uns et aux autres : « Le peuple malien est musulman à plus de 95%. Est-il intelligent, voire juste d’ignorer ou négliger le fait majoritaire qui est un fondement incontournable de la démocratie ? » A l’évidence, mentionnent-ils, « le retrait pur et simple de la laïcité sous toutes ses formes de l’avant-projet de la nouvelle constitution sera le vrai point de départ de la refondation de l’Etat du Mali ». Mettant l’occasion à profit, les Imams et Erudits sont revenus sur les « virus français » qui, selon eux, ont et continuent d’ailleurs à ronger la souveraineté des Maliens. Parmi ces virus, dévoilent-ils, figurent entre autres la laïcité, une valeur typiquement française ; la langue française ; le fameux accord de défense qu’a été dénoncé par les autorités de la transition ; la monnaie, c’est-à-dire, le Franc C FA au Mali. Puis de clarifier leur position au sujet desdits virus : « Pour recouvrer notre souveraineté, nous devrons enrayer ces virus ». Des expressions qui, peut-on déclarer, sous-entendent que les nouvelles autorités sont concomitamment soutenues aussi bien par les Panafricanistes que par les fidèles qui se reconnaissent dans la déclaration de la ligue malienne des Imams et Erudits pour la solidarité islamique (Limama).
Mamadou Diarra