Sadiola, dans la région de Kayes : La société civile s’oppose à la reconduction de l’équipe communale
Dans la commune de Sadiola, les habitants reprochent beaucoup de choses à leurs élus. Avec à leur tête Toumany Dembélé, l’actuel maire principal et Moro Makalou, son 1er adjoint, plusieurs élus sont soupçonnés dans des affaires de corruption et de détournements du dénier public. Vu la prorogation du mandat des élus par le Gouvernement, les membres de l’EPC (Ensemble pour la commune de Sadiola), une Organisation de la société civile, appellent à la non-reconduction de l’actuelle équipe.
Présumés d’avoir détournés des millions, voire d’être en complicité avec des Chinois et Burkinabè exploitant illégalement l’or, le maire Toumany Dembélé et ses acolytes sont de plus en plus contestés. La société civile se réjouit de l’avancement du dossier concernant le maire principal et ses adjoints, mais demande aux nouvelles autorités de ne pas laisser l’actuelle équipe poursuivre son mandat. En la matière, l’EPC annonce avoir adressé une correspondance à la préfecture de Kayes. « La société civile ‘’Ensemble pour la commune de Sadiola’’ vous présente la présente requête pour vous demander la non-reconduction du mandat de l’actuelle équipe », lit-on dans une correspondance adressée au préfet de Kayes. En vertu des nouvelles dispositions gouvernementales et conformément aux dispositions de la loi N°2016-013 du 10 mai 2016 portant modification de la loi N°2012-007 du 7 février 2012 modifiée par la loi N°2014-052 du 4 octobre 2014 portant code des Collectivités territoriales, « nous regrettons de constater que l’administration communale n’a pas offert des services de qualité aux administrés. Il n’y a eu que de désolation et de résignation durant tout le mandat de la présente équipe », souligne-t-on.
La société civile déplore des anomalies dans la gestion des affaires durant le mandat de l’équipe en place. À cela, indique-t-on, s’y ajoutent des manquements et plusieurs violations flagrantes avec des épreuves à l’appui. « Il y a eu des dénonciations et même des dépôts de plaintes suivis d’inculpation et de mise sous contrôle judiciaire des deux premiers responsables de la commune : le maire principal Toumany Dembélé et son 1er adjoint Moro Makalou ». La Brigade d’investigation judiciaire de Bamako, de même que le Vérificateur général et le ministre de la Justice et des Droits de l’homme ont été saisis pour dénoncer les actes de corruption et de détournement concernant les élus de la localité (Sadiola), mentionne-t-on dans la correspondance adressée à la préfecture de Kayes. Aussi, les responsables de l’EPC font part de la mauvaise gouvernance, du gâchis financier, de la médiocrité, des détournements fréquents et des comportements illicites émanant de l’équipe dirigeante de la commune. Des actes qui ont débouché sur l’interpellation suivie de la mise, depuis des années, du sieur Toumany et Moro Makalou sous contrôle judiciaire, rappelle la société civile. En clair, le mouvement énonce son opposition ferme à la reconduite de l’actuelle équipe. « Dans l’intérêt supérieur de la population et de la commune, nous demandons au préfet de procéder au non-renouvellement du mandat des élus. Par conséquence, nous demandons la mise en place d’une délégation spéciale pour la gestion des affaires courantes, en attendant des nouvelles élections. L’équipe actuelle a échoué », ressort-on dans la correspondance. La commune de Sadiola est constituée de 46 villages et de 52 hameaux. Des indiscrétions du mouvement, il est indiqué que certains conseillers de la zone auraient illégalement partagé entre eux 15 millions de nos francs. La société civile se plaint d’avoir appris que « le représentant des Chinois à Sadiola ait révélé avoir donné 41 millions F CFA au sieur Moro Makalou, 1er adjoint au maire, afin d’obtenir des faveurs de la mairie pour des activités d’exploitation illégale de l’or ». Avec la complicité de la mairie, des exploitations illégales de l’or font que l’eau du fleuve Falémé est devenue imbuvable, clarifie Moro Kanté, délégué général de l’EPC. Des produits chimiques utilisés à Babala, un village de Sadiola, ainsi que dans d’autres zones contiennent des cyanures. « Les animaux sont victimes de cela. Les routes sont impraticables. Pas d’emploi pour les jeunes. Ils sont en train de semer la déforestation avec des contrats illicites », s’indigne M. Kanté. D’où ce cri de cœur à l’endroit des nouvelles autorités pour la mise en place d’une délégation spéciale à la tête de la marie de Sadiola.
Mamadou Diarra