Lycée public de Bourem au nom de Mme Haïdara Aissata Cissé : Le proviseur et les forces vives protestent
Depuis un moment, le baptême du lycée public de Bourem au nom de Mme Haïdara Aissata Cissé dite Chato, ancienne députée et membre du conseil national de transition, ne cesse de susciter des désapprobations dans le cercle. Après la lettre de protestation du proviseur du lycée, les forces vives de Bourem se font également entendre sur le sujet dominant du jour.
Dans un manifeste publié ce 8 janvier 2023, les forces vives de Bourem annoncent avoir appris avec « beaucoup de consternation » sur les réseaux sociaux à travers une vidéo du président de l’autorité intérimaire du cercle, de la décision de baptiser le lycée public de Bourem au nom de Mme Haïdara Aissata Cissé, une personnalité politique. « Nous portons à la connaissance des autorités de la transition avec à la tête le colonel Assimi Goïta, le PM Choguel Kokalla Maïga, son gouvernement et nommant le ministre d’Etat et ministre de l’Administration territorial, colonel Abdoulaye Maïga…., notre désapprobation par rapport à cette décision illégale qui risque d’entacher la nécessaire unité nationale indispensable au projet de refondation du Mali », explique-t-on dans le manifeste des ressortissants de Bourem. Les forces vives plaident pour « l’annulation pure et simple de la décision unilatérale qui n’a fait l’objet d’aucun consensus ».La décision de baptiser le lycée public au nom de la personnalité citée aura été prise par l’administration et les Collectivités, déplore-t-on. Ce manifeste indique clairement que Mme Cissé dite Chato, comme toute autre personnalité politique « ne fait pas l’unanimité ». Ce qui ne sied pas avec l’espace scolaire qui doit rester en dehors du champ politique .Le lycée ne saurait être un objet politique, sachant qu’en plus des élections législatives prévues en 2023 dont l’incriminée politique est susceptible de se présenter, ajoute-t-on.
Cette décision, unilatéralement prise par le bureau de l’autorité intérimaire du cercle de Bourem et sans aucune concertation avec les forces vives, est une source de division. La décision illégitime intervient, selon les forces vives, au moment où les populations expriment leur besoin de cohésion sociale, gage de paix et de sécurité. Qualifiant le projet d’électoraliste, les forces vives font part que la décision ayant créé des tensions porte atteinte à la cohésion sociale. Puis de rappeler que les autorités intérimaires ont été mises place conformément aux dispositions de l’Accord d’Alger. Cela, pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger en vue de faciliter la mise en œuvre de l’Accord. Pour alors respecter ses engagements, il parait utile pour l’Etat « de modifier la loi N°2012-007 du 7 février 2012, modifiée par la loi N°2014-052 du 14 octobre 2014 portant code des Collectivités territoriales, à l’effet de substituer les autorités intérimaires aux délégations spéciales ». La loi N°2017-051 du 2 octobre 2017 portant code des Collectivités territoriales généralise la mise en place des autorités intérimaires dans les Collectivités territoriales chaque fois que les circonstances l’exigent, rappelle-t-on dans le manifeste. Les forces vives requièrent à ce que l’exemple soit pris sur le cas du lycée Yana Maïga de Gao.Pour ce cas, il y a eu une assemblée générale dans la salle de l’assemblée régionale de Gao présidée par le Gouverneur de la région. Le PV retenu à l’époque a été transmis au ministre de l’Education nationale qui a statué en faisant acte de baptême. Dans une lettre d’information publiée le 6 janvier, le proviseur du lycée public de Bourem s’était adressé au préfet du cercle. « Monsieur, nous avons l’honneur de vous informer de la situation qui se prépare par rapport au lycée public de Bourem. En effet, le président de l’autorité intérimaire du cercle m’a appelé, le 19 décembre 2022, pour m’informer qu’il veut baptiser le lycée public de Bourem au nom de Mme Haïdara Aïssata Alassane Cissé, membre du CNT ». « Je lui ai directement répondu que mon avis est contraire au sien pour les raisons suivantes : le chantier du lycée est inachevé, la procédure en la matière n’a pas été respéctée, le profil de la personne proposée n’est pas bien indiqué », évoque le proviseur. Le proviseur soutient ne pas comprendre cet empressement pour alors baptiser un lycée inachevé et inoccupé.
Mamadou Diarra