Culture du blé : Grandeur et décadence de Diré
La cherté de la farine du blé sur le marché international a profondément secoué les consommateurs maliens. L’effondrement de la production du blé malien, notamment dans la région de Diré, en a ajouté à la crise. Selon des experts, l’évolution récente du cours de plusieurs denrées alimentaires de base a profondément troublé les pays les plus dépendants de leurs importations. Les spécialistes sont tous d’accord que le Mali peut se mettre définitivement à l’abri de tels soucis en développant son agriculture notamment la filière blé.
La crise ukrainienne avec ses conséquences sur la cherté du blé doit rappeler à tous que le Mali est un producteur historique de blé en Afrique subsaharienne. Cette culture a été introduite depuis le 15ème siècle à partir de la région de Tombouctou par les Almoravides, conquérants venus du Maroc. Elle s’est ensuite transmise de générations en générations jusqu’à nos jours. Mais cette culture peine à trouver les opportunités de développement, malgré la forte dépendance des ménages de Bamako au pain.
C’est pour mettre le pays à l’abri des crises alimentaires que le projet du développement de la culture du blé au Mali est une opportunité économique pour des multiples opérateurs qui opèrent dans les domaines tels que le BTP, fabricants de matériels agricoles, la recherche, l’assistance conseil, l’encadrement, la commercialisation d’intrants, le transport. On estime que c’est une chance de créer de nombreux emplois à toutes les étapes de la filière (ouvriers agricoles, manutentionnaires, ingénieurs agricoles, cadres d’administration, d’intrants et de matériels agricoles.
C’est aussi une opportunité pour assurer l’autosuffisance en blé et limiter les sorties de devises liées aux importations et surtout de participer à la sécurité alimentaire du pays. Cette ambition trouve sa motivation dans la hausse importante des cours mondiaux. En effet, l’analyse des coûts de revient des blés importés par rapport au blé national montre bien une réelle possibilité de produire du blé à un prix des plus compétitif au Mali. Dans le cadre de la politique de production efficiente de blé, l’Institut d’Economie Rurale en partenariat avec la Compagnie malienne pour le développement de la culture du blé ont initié une campagne de multiplication de variétés prometteuses de blé Diré 12, Diré 15 et Diré 16.
Ces variétés sont issues de trois années d’expérimentations en station à Gao, Kogoni et Diré. Cette multiplication était censée permettre une large diffusion de semences des variétés auprès des producteurs. L’objectif visé est d’augmenter et améliorer la production du blé en vue d’assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire, et de mettre à la disposition des producteurs de blé des semences de variétés performantes en substitution de celles qu’ils utilisent actuellement.
Les principales zones de production sont Diré et Goundam. Malgré un potentiel important d’environ 14 260 ha exploitable à Niafunké, la production demeure insignifiante dans cette zone. L’essentiel de la production continue d’être transformé en farine de façon artisanale avec des petits moulins à céréales et des meules manuelles par les femmes. Cela nécessite de la part des transformatrices plus de temps, plus de peine et la qualité de la farine obtenue est en deçà de celle de la transformation industrielle.
Les besoins de consommation théorique en farine de blé au Mali sont estimés à 120 000 tonnes par an, ce niveau de consommation représente environ 150 000 tonnes de blé par an. La production totale de blé n’excède pas 10 000 tonnes par an, ce qui constitue un déficit majeur pour la commercialisation. Les Grands Moulins du Mali sont les principaux acheteurs de cette quantité à commercialiser.
La demande de blé au Mali est couverte par la production locale pour une faible part et les importations de blés et de farine. Le blé est essentiellement utilisé pour la production de farine destinée à la fabrication de pain. Les utilisations alternatives de la farine sont très faibles, et ne concernent que des unités de fabrication de biscuits consommant environ 250 tonnes de farine par an et la production de pâtes alimentaires, qui utilisent une quantité de farine minime.
Soumaila Diarra