
La prise du pouvoir par les militaires en 2020 est un indicateur majeur du ras le bol des citoyens de la gestion du pouvoir par les politiques. Pire, durant les 5 ans, la campagne anti parti politique a atteint une proportion inédite qui risque de signer la fin du multipartisme à une certaine dimension au Mali. Le dernier Conseil des Ministres est édifiant.
« Réduction du nombre de partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement, la prise en compte des statuts de l’opposition et de son chef de file dans la Charte des partis politiques, l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat « . Ce sont les trois points qui ont été révélés par le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des réformes politiques et du soutien au processus électoral lors du conseil des ministres du vendredi dernier. Ils sont indiqués comme étant les résultats de la consultation des partis politiques et les organisations de la société civile pour la relecture de la Charte des partis politiques.
À ce sujet, presque deux cent (200) partis politiques se sont réunis à la maison de la presse en mars dernier, afin de convenir d’un document consensuel à soumettre au gouvernement dans le cadre de la relecture de leur charte. Plusieurs recommandations ont été formulées parmi lesquelles le gouvernement semble retenir deux qui lui paraissent certainement pertinentes : la prise en charge des statuts de l’opposition et de son chef de file dans la charte des partis politiques et les dispositions contre le nomadisme politique en cours de mandat.
Quant au premier point souligné dans le CR du Conseil des Ministres, la réduction du nombre de partis politiques, les formations politiques n’ont pas voulu statuer sur ça alors que le point a fait l’objet de propositions par les forces vives lors des assises nationales de la refondation et le dialogue inter maliens. Deux occasions au cours desquelles, les participants ont demandé la réduction des partis politiques qui passe nécessairement par leur dissolution.
La décision du gouvernement de soumettre les résultats aux forces vives de nouveau produira les mêmes résolutions formulées lors des deux précédentes assises. Ce qui veut dire naturellement, que les partis politiques seront bientôt dissouts.
Cas similaires, divergents de vue selon les textes
La dissolution des partis politiques, le Niger, un des membres de l’AES, vient de le connaître à la suite des assises nationales qui ont validé la charte de transition et donné 5 ans de plus au Président avec le titre désormais de président de la République et général d’armée à la fois.
Quant au Burkina, la même rallonge de 5 ans a été faite en plus du titre de président de la République donné à IB.
L’exception pour le Mali, est que la transition est à sa cinquième année et que le Mali est doté désormais d’une nouvelle Constitution qui reconnait le multipartisme intégral. Cette constitution est même déjà en application même si cela est diversement appréciée.
Au-delà de ce constat, la réalité du Mali est tout autre. Cinq généraux cogèrent le pays contrairement au Niger et le Burkina où les Présidents ont le plein pouvoir. Donc vouloir procéder à une uniformisation des mandants de 5 ans nécessite un travail de fond.
Une fin sombre
Les partis politiques au Mali ne représentent que l’ombre d’eux-mêmes aujourd’hui. Ce, à cause du manque de financement de l’Etat, des crises internes dans plusieurs grandes formations politiques qui ont conduit à la dislocation de certaines, l’arrêt presque de leurs activités pendant la transition. Le tout couronné par l’opposition farouche d’une partie importante de la population qui ne veut plus entendre parler de partis politiques.
Il faut reconnaître et le souligner avec insistance. Les politiques sont responsables de leur sort. Leur gestion durant les 30 dernières années est semée de plusieurs actes immoraux qui ont conduit le Mali à la ruine.
Ce qui fait que malgré la gestion ferme du pouvoir, avec des imperfections, par les militaires ceux-ci sont mieux appréciés que les politiques.
Les enseignements à tirer du scénario en cours, le manque de cohésion, la haine des uns envers les autres des politiques ont conduit à leur propre achèvement.
KD