La République du Mali a réaffirmé son engagement dans la lutte contre le trafic illicite de migrants lors de la douzième réunion du Groupe de travail sur le trafic illicite de migrants, organisée par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le 10 octobre 2025, à Vienne. La délégation malienne, conduite par le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher a salué le travail du Secrétariat de l’ONUDC et remercié la République d’Autriche pour l’accueil chaleureux et les conditions favorables offertes aux échanges.
Dans sa déclaration, le Mali a mis en avant les efforts considérables entrepris pour renforcer son arsenal juridique et institutionnel contre ce fléau. Le pays dispose depuis 2012 d’un texte de référence, la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012, relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées. Ce dispositif législatif, conforme aux standards internationaux, criminalise toutes les formes de traite et de trafic illicite de migrants.
Les sanctions prévues sont sévères : de 5 à 10 ans d’emprisonnement pour les auteurs de traite ou de trafic illicite, et jusqu’à la réclusion à perpétuité lorsque les faits entraînent la mort ou des mutilations. La loi réprime également l’exploitation organisée à des fins de mendicité, considérée comme une forme de traite des personnes. En outre, l’article 4 de ce texte incrimine explicitement l’organisation du transport, du transit ou de l’hébergement de migrants clandestins dans un but lucratif. Ce cadre juridique, bien que perfectible, témoigne de la volonté du Mali de respecter ses engagements internationaux et de protéger les personnes vulnérables contre les réseaux criminels.
Au plan politique, le Mali s’appuie sur sa Politique nationale de migration (PONAM), conçue comme un cadre de référence pour une gestion concertée et responsable des migrations. Conscient de l’évolution rapide des réalités migratoires, le gouvernement a engagé un processus de révision de cette politique afin d’y intégrer la lutte contre le trafic illicite de migrants, la protection des droits des migrants, mais aussi les dimensions liées au genre, à la sécurité, au changement climatique et au développement durable. Le pays entend ainsi se doter d’un instrument stratégique moderne et aligné sur les standards internationaux et régionaux, tout en maintenant une ouverture maîtrisée.
La politique d’entrée sur le territoire malien reflète d’ailleurs cet équilibre entre intégration africaine et sécurité nationale. Les ressortissants de la CEDEAO peuvent, jusqu’à preuve du contraire, entrer sur le territoire malien avec une carte nationale d’identité ou un laissez-passer CEDEAO. Un visa est requis pour les citoyens de l’Union européenne et de la Libye, tandis qu’un visa à l’arrivée est prévu pour les ressortissants du Kenya et du Rwanda. Par ailleurs, une exemption de visa est accordée aux ressortissants de plusieurs pays africains et arabes, notamment la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, le Cameroun, la Tunisie, la Sierra Leone et les Émirats arabes unis.
Sur le plan opérationnel, le Mali a créé le Centre d’Information et de Gestion des Migrations (CIGEM), qui joue un rôle clé dans la collecte et l’analyse des données migratoires. Ce centre accompagne les autorités dans la formulation de politiques publiques adaptées. De même, la Brigade de répression du trafic des migrants et de la traite des êtres humains (BRTMTEH), créée en 2019, est devenue un pilier de la lutte. Placée sous la responsabilité de la Police nationale, cette unité spécialisée mène des enquêtes, interpelle les trafiquants et coopère avec plusieurs partenaires internationaux, notamment l’Espagne, qui apporte un appui technique et logistique.
La délégation malienne a enfin insisté sur la nécessité d’une approche globale et humaine. Pour Bamako, la lutte contre le trafic illicite de migrants ne saurait être efficace sans une prévention des causes profondes de la migration irrégulière, parmi lesquelles figurent la pauvreté, le chômage des jeunes, l’insécurité et les effets du changement climatique. À travers la révision de sa PONAM, le renforcement de son cadre législatif et institutionnel et la consolidation de sa coopération internationale, le Mali réaffirme sa détermination à combattre ce phénomène dans le respect de la dignité humaine et de la solidarité internationale.
Ibrahim Kalifa Djitteye
