Conduite de la transition au Mali : le langage de vérité de Choguel à la délégation de l’UA
Dans le cadre des consultations périodiques entre l’Union africaine et les autorités de la transition, une délégation de l’UA s’était rendue à Bamako, capitale du Mali. Avec à sa tête Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’institution africaine, la forte délégation a été reçue en audience, le 30 janvier 2023, par le Dr. Choguel Kokalla Maïga. Occasion saisie par le PM pour, dans un langage véridique, défendre la position du Gouvernement.
Cela fait, depuis le début de la transition politique au Mali, la troisième fois qu’une délégation de l’Union africaine se présente à Bamako, en vue de s’enquérir de l’état d’évolution de la transition. Des visites qui, selon le PM, témoignent sans nul doute de l’écoute et du souci constant de l’institution africaine à accompagner les efforts du gouvernement pour une transition réussie. À ses hôtes du jour, Choguel rappellera que le gouvernement a toujours encouragé, avec insistance, les partenaires du Mali à échanger directement avec les autorités de la transition, à privilégier les missions de terrain et de proximité afin d’avoir une analyse objective de la situation du pays. « Le Mali, comme vous le savez, vit une transition politique qui est le fruit de la volonté du peuple malien, de son aspiration profonde au changement. Le Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger a reçu pour mandat, au terme des Assises nationales de la refondation (ANR), de refonder l’Etat, de créer les conditions d’une gouvernance future, vertueuse susceptible de mettre fin aux crises cycliques et à l’instabilité à travers des reformes substantielles aux plans politiques et institutionnels ». C’est dans cet esprit que le Président de la transition a mis en place, le 27 janvier 2023, la commission chargée de la finalisation du projet de la nouvelle constitution du Mali. Lequel projet sera, par la suite, soumis à un référendum, a-t-il étayé au président de la commission de l’UA. Dans la même dynamique, le Mali s’est doté d’une nouvelle loi électorale en 2022. Il a procédé, tout récemment, à la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Pour consolider le processus de la refondation, le Mali s’est également doté, en 2022, d’un Cadre stratégique de refondation de l’Etat (2022-2031).Lequel est assorti du Plan d’actions 2022-2026, évoque le Dr. Maïga. Puis de rappeler que le Mali demeure, depuis des années, touché par une crise multidimensionnelle. Pour alors sortir de l’impasse, le remède ne peut aucunement être la tenue des élections seules. C’est au moins ce qui ressort du discours de Choguel : « la résolution durable de la crise qui affecte notre pays depuis plusieurs années nécessite un changement de paradigme. C’est pourquoi la transition dans notre pays se saurait se résumer à une question d’élection et d’alternance au sommet de l’Etat ».Pendant 30 ans, rappelle le PM à ses hôtes de marque, « nous avons fait des élections. Et pourtant, dit-il, depuis trois décennies notre pays n’a jamais été aussi instable ».Choguel soutient avoir vu, sous d’autres cieux, notamment en Afghanistan qui a régulièrement organisé des élections pendant 20 ans sans que cela résolve durablement les problèmes structurels. Au finish, les partenaires occidentaux dudit pays ont fini eux-mêmes par en faire le constat en l’abandonnant à son triste sort. Ce qui l’amène à tenir des propos francs et concis : « Loin de moi, l’idée selon laquelle les élections ne sont pas importantes, mais face à une crise de l’ampleur comme celle que nous connaissons, les élections doivent être précédées des reformes appropriées ».Aussi, poursuivra-t-il, le plus grand défi qui se pose au Mali est le terrorisme. Ce phénomène menace les fondements de la République et la cohésion de la Nation. Le terrorisme, énonce-t-il, est un cancer qu’il faut éradiquer à travers la conjugaison des efforts et la mise en œuvre des solutions holistiques et multidimensionnelles. C’est pour cette raison, le retour de l’Etat et des services sociaux de base dans les zones affectées par la crise, le retour des réfugiés et des déplacés internes dans leur terroir, de même que la sécurité des populations occupent, tout naturellement, un ordre de priorité élevé dans le Programme d’action du gouvernement, indique Choguel. Profitant de la présence des émissaires de l’UA, Il maintiendra que des résultats encourageants ont et continuent d’être engrangés par les Forces armées maliennes sur le terrain. « Contrairement aux informations tendancieuses véhiculées, la peur a changé de camp. Cela est une évidence. Nous traquons les groupes armés terroristes, réduits à des actions d’éclat isolées jusque dans leurs derniers retranchements ». D’un ton véridique, le chef du Gouvernement tenait à rappeler au sieur Moussa Faki, président de la commission de l’UA, que le Mali a désormais opté de travailler avec ses partenaires nationaux et internationaux conformément aux trois principes dictés par le colonel président de la transition, Assimi Goïta.
Mamadou Diarra