Semaine Nationale de la Réconciliation (SENARE) : le sort de l’Accord d’Alger inévitablement fixé à la prochaine édition
Après le lancement de la 1re édition le jeudi 15 septembre 2022, le Mali s’apprête à organiser du 15 au 21 Septembre prochain, la deuxième édition de la Semaine nationale de la réconciliation (SENARE). Une initiative des plus hautes autorités de la transition pour soutenir les efforts de paix et de réconciliation sur le terrain. Plus que jamais, l’édition de cette année est confrontée à des défis majeurs de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, surtout dans le contexte actuel de rupture de confiance entre les parties signataires.
« Les Guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix », acte constitutif de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
En effet, c’est dans cet esprit qu’est initiée la Semaine nationale de la réconciliation (SENARE). Parallèlement aux actions sur le terrain, les plus hautes autorités de la transition ne cessent de poser des actions dans le cadre de la recherche de la paix et la réconciliation au Mali afin de vaincre pour de bon cet épisode de violences que vit la population depuis plus d’une décennie. Une guerre qui nous est imposée de l’extérieur, diront même certains. En tout cas, peu importe la puissance de feu de son armée, il arrivera un moment où il faut s’assoir avec son adversaire autour d’une même table pour discuter des vrais problèmes qui vous opposent et les apporter des solutions justes et équitables si de bonne fois vous volez mettre fin aux Hostilités. C’est le seul gage d’une paix durable dans un pays puisqu’il faut en être convaincu que la solution armée ne repousse les problèmes que de quelques années de retard si le mal n’est traité en toute responsabilité et avec des solutions appropriées.
C’est pourquoi, lors de la Conférence d’entente nationale, tenue en 2019, les Maliens ont demandé l’institution d’une Semaine nationale de la réconciliation afin de trouver les racines du mal et les circonscrire pour de bon. « Une lueur d’espoir pour le Mali dans sa démarche courageuse pour la réconciliation et la paix » s’était réjoui, le président de la transition, le Col. Assimi Goïta, lors du lancement de la première édition de cette initiative, le jeudi 15 septembre 2022, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB).
A juste une année après, le Mali est encore soumis à de rudes épreuves du vivre ensemble et de la cohésion sociale. En plus du terrorisme, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger est à la case du départ pour ne pas dire qu’il vit son dernier souffle. La mission des Nations unies pour la paix de l’ONU est en train de plier bagages et le cessez-le-feu signé en 2014 n’est plus d’actualité.
Quel sort pour les populations civiles, partir en exil ou subir le même châtiment que l’attentat du 7 septembre dernier ou des centaines de vies ont péri de la façon la plus cruelle et barbare tels que bois consumés par un feu de brousse.
N’est-il pas temps que des Maliens, du moins, ceux qui prétendent agir au nom d’une quelconque circonscription s’assaillent enfin sur le sort des habitants de ces prétendus territoires pour ne pas avoir à diriger le Néant dans un avenir proche.
La population civile ne peut plus continuer à vivre le martyr des intérêts égoïstes et personnes. Car, il faut le dire, la plupart de ceux qui tirent les ficelles de cette crise malienne vivent généralement loin du champ de bataille. Les cadres et leaders de tous mouvements indépendantistes ou milices armés sont logés avec toutes leurs familles soit à Bamako ou dans un étranger.
La France qui est couramment citée dans cette crise est, elle aussi, à milliers de Km du Mali à plus forte raison des citoyens français meurent pour cette cause. Au-delà français lambda, plus aucun militaire français ne va laisser sa peau dans a crise malienne car c’est fini pour l’opération française au Mali. Paix à l’âme de toutes les victimes de la crise malienne.
Certes le mal est profond, mais il ne faut jeter le bébé avec l’eau de bain aucun sacrifice n’est de trop pour la paix et toutes les parties ne sont pas des va-t-en guerre.
Déjà, certains en ont marre de cette situation qui n’a que trop durée y compris certains groupes armés.
En effet, dans un communiqué publié, le 10 septembre 2023, une partie du Cadre Stratégique Permanant pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD), décidément la branche radicale, a rejeté l’initiative de paix et de réconciliation (cessez-le-feu) établie entre les fils d’une même nation. Heureusement qu’il y’en a encore parmi eux, le MSA qui, tout en désolidarisant, appelle à rompre avec toute attitude belliqueuse. « Le MSA inquiet de la recrudescence de la violence appelle tous les acteurs à privilégier le dialogue comme seule voie de résolution des conflits » a indiqué ce mouvement.
Il est temps que ceux qui sont pour la cohésion sociale se démarquent pour mettre en place une autre alternative que l’accord d’Alger, d’autant plus que l’Accord en question n’interdit pas lui-même sa propre relecture.
Tout le monde sait que l’accord en l’état est caduc, inapplicable, d’où l’expression « l’application intelligente de l’Accord ».
Une grande problématique qui sera sans doute discutée au menu de la prochaine Semaine Nationale de la Réconciliation au Mali.
Issa Djiguiba