Plus de 110 morts en deux mois : Hécatombe au Pays Dogon
La Synergie des Associations et Mouvements des Jeunes du Pays Dogon a tenu un point de presse, au siège de Ginna Dogon, le samedi 27 juillet 2024. L’objectif de cette sortie était de condamner une énième fois, les crimes et violences terroristes contre les populations civiles du centre en général et celles du pays Dogon en particulier. Les jeunes ont profité de l’occasion pour inviter le président de la transition, le colonel Assimi Goïta à prendre personnellement en main personnellement cette situation pour soulager la souffrance des populations civiles.
Diallassagou (19 morts), Noumoussso (12 participants à un mariage assassinés), Sokolo Kanda (2 paysans tués), Tigrou (4 riverains tués et le village vidé). Anakanda (2 forains tués), Djiguibombo (21 villageois tués), Dembo (26 paysans tués), Kobolagado (12 paysans tués), Endekanda (4 morts), Guiri (5 morts), les villages Walia, Endé, Sogoutou, Sogoudourkoum, Koumoudou, Dessagou, Yabatalou, Lewol Guéou, Tabi, Petaka, Djangassagou également endeuillés. Tel est le bilan macabre des attaques contre les populations du pays Dogon soit au total 110 personnes civiles tuées entre Mai et juillet 2014. Un bilan non exhaustif qui ne fait pas cas, entre autres, de l’attaque du vendredi 26 juillet 2024 ayant fait plus de 10 victimes à Doundé, du nombre pléthorique de personnes blessées, en otage, disparues, et déplacées, encore moins les dégâts matériels et psychologiques qui sont tout aussi innombrables. « Nous aurions souhaité être devant vous pour saluer le retour de la paix et de la cohésion sociale, pour annoncer que les milliers d’enfants privés de leur droit à l’éducation retrouveraient le chemin de l’école et que le tourisme reprendrait bientôt. Malheureusement, la réalité est toute autre » ont lamentablement regretté la Synergie des Associations et Mouvements des Jeunes du Pays Dogon avec un accent particulier sur la situation des frères enlevés sur l’axe Parou-Songobia en détention depuis plus de trois ans pour certains et des mois pour d’autres.
« Depuis notre dernière sortie médiatique il y a sept mois, la situation sécuritaire dans le Pays Dogon ne s’est guère améliorée. Nos populations vivent dans une désolation quotidienne marquée par des massacres de populations, des incendies de villages, des vols d’animaux et d’autres biens précieux » a-t-elle fait savoir.
Ces jeunes ont profité de ce point de presse pour protester contre le silence de l’État face à une monstruosité de nature abjecte et moralement inacceptable dont les conséquences affectent déjà plus de 30 communes à travers, notamment, la perturbation de la campagne agricole, la fermeture des écoles, l’arrêt de l’économie locale, le départ des populations, etc. Des conséquences qui s’étendront sans nul doute à d’autres localités si des moyens adéquats ne sont pas mis en œuvre pour stopper les ambitions des groupes terroristes.
C’est pourquoi, parallèlement aux dénonciations, la jeunesse ainsi regroupée a aussi formulé une série de recommandations adressées aux plus hautes autorités de la transition. Il s’agit entre autres, du renforcement du maillage militaire, l’intégration des auto-défenseurs dans le dispositif de gestion de la sécurité du Pays Dogon, l’implication du président de la transition, le col. Assimi Goïta en prenant personnellement en main le dossier du Pays Dogon et le remplacement de tous les représentants de l’État affectés dans le Pays Dogon qui ne se montrent pas valables dans la gestion de cette crise. « Pour la sécurité de toutes les populations de la zone, la jeunesse demande un renforcement significatif du maillage militaire afin d’assurer une mise en place de patrouilles régulières et dissuasives ; nous demandons à l’État de trouver une formule pour les intégrer (auto-défenseurs) dans le dispositif de gestion de la sécurité du Pays Dogon afin d’endiguer cette flambée de violence. Cela à travers la concrétisation dans le plus bref délai du processus de DDR longtemps promis ; Nous invitons les plus hautes autorités à réévaluer l’efficacité des représentants de l’État affectés dans le Pays Dogon et, si nécessaire, à procéder au remplacement de ceux qui ne répondent pas aux exigences actuelles. Nous appelons également le chef de l’État à reprendre la main sur le dossier du centre et plus particulièrement du Pays Dogon et à ouvrir, avec son implication personnelle, un couloir d’écoute des populations afin de mieux cerner les contours de cette tragédie qui menace la nation entière ».
Ce n’est pas tout, la jeunesse du Pays Dogon a également souligné la nécessité d’accorder de l’aide humanitaire d’urgence aux familles affectées par les attaques, y compris un soutien psychologique et matériel.
Issa Djiguiba