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Fin de mission de l’Expert Indépendant de l’ONU pour le Mali : Alioune Tine se réjouit de l’amélioration considérable de la situation sécuritaire et des droits de l’homme

Apres dix jours de mission sur invitation des autorités de l’Etat, l’Expert Indépendant des Nations Unies (ONU) sur la Situation  des Droits de l’Homme au Mali, Alioune Tine a rendu officiel, le 22 février 2022,  le rapport de son séjour au Mali. Tout en se réjouissant de  l’amélioration considérable de la situation sécuritaire par rapport à l’année dernière,  l’Expert Indépendant de l’ONU a, aussi, émis  des réserves sur les grands défis qui restent à relever  pour l’émancipation de la démocratie et  des droits de l’homme.

« Pour la première fois depuis le début de mes visites en 2018, j’ai noté une amélioration tangible de la situation sécuritaire, de la situation des personnes déplacées internes, de la situation des droits de l’homme ainsi que des dynamiques de paix endogènes, notamment dans le Centre du Mali » a indiqué Alioune Tine, dans sa déclaration de fin de mission le mardi 22 février 2022. A l’exception des violations du droit à la vie, où le plus grand nombre a été enregistré au dernier trimestre de l’année 2021, avec 31 en octobre, 23 en novembre et 61 en décembre, d’important progrès ont été enregistrés, selon lui, dans la lutte contre les atteintes et violations des droits l’homme. Elles sont passées de 594 à 433, au cours du dernier trimestre de l’année 2021,  soit 27,10%, selon les documents de la MINUSMA. Dans le même ordre d’idées, selon l’expert, une analyse de  Cluster Protection indique 373 incidents de protection enregistrés par le système de surveillance, contre 531 en novembre 2021 (soit une baisse de 29,75%). Une amélioration qui est visible à travers la diminution récente du nombre des personnes déplacées internes et des conflits intercommunautaires. « En effet, selon la Matrice de Suivi des Déplacements (DTM), le nombre des personnes déplacées internes est passé de 401736 personnes en septembre 2021 à 350110 en décembre 2021, soit une baisse de 13%. Dans la région de Gao, le nombre des personnes déplacées internes a baissé de près de la moitié (49%) entre les mois de septembre et décembre 2021. Cette baisse s’expliquerait notamment par la pacification progressive de certaines localités du Centre et du Nord » indique cette déclaration. Mais à côté de cette note d’espoir, l’Expert Indépendant a également manifesté sa préoccupation face à la menace djihadiste qui plane toujours sur la population, malgré les efforts investis dans la lutte contre le terrorisme au Mali. « Sur le plan sécuritaire, les Groupes Extrémistes Violents notamment la Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin – JNIM (le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – GSIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et autres groupes similaires ainsi que les groupes armés communautaires dits d’autodéfense continuent de mener des attaques contre les populations civiles, de tuer et d’ enlever les civils ; d’ imposer leur interprétation de la charia prélevant la « zakat », imposant aux femmes le port du voile (noir) et aux hommes le port de la barbe et des pantalons courts (dont la taille ne doit pas dépasser la cheville), interdisant le curriculum classique dans les écoles qu’ils autorisent en les transformant en écoles coraniques (madrasas) » a-t-il souligné.

Une situation qui n’a pas manqué d’impacter négativement sur d’autres principes fondamentaux en matière des droits de l’homme, notamment l’éducation dont l’effondrement constitue, selon lui, une bombe sociale à l’horizon. D’après les chiffres des Nations Unies qu’il a tenu à rappeler, « le nombre d’écoles fermées en raison de l’insécurité a augmenté de manière sensible en passant de 1344 en janvier 2021 avec 403000 élèves affectés à 1664 écoles en décembre 2021 avec 499200 élèves affectés. Ce problème initialement limité aux régions du centre et du nord du Mali s’est progressivement répandu à certaines régions du sud, notamment Sikasso (115 écoles fermées et 34500 élèves affectés) et Koulikoro (92 écoles fermées et 27600 élèves affectés) ». C’est pourquoi selon lui, « les améliorations tangibles de la situation ne doivent pas dissimuler les défis sérieux en matière de sécurité et des droits humains qui doivent être relevés par le Mali et par la communauté internationale pour renforcer et consolider les progrès réalisés sur le terrain ». Dans le même sens, Alioune Tine a émis des réserves quant au respect des libertés fondamentales (notamment la liberté d’expression et de la presse). « J’exprime mes profondes préoccupations par rapport au rétrécissement de l’espace civique dont tous les acteurs se plaignent, en l’occurrence la société civile et une partie de l’opposition » a-t-il indiqué tout en interpellant les plus hautes autorités du Mali  à prendre les mesures nécessaires pour pallier à ces atteintes graves aux droits et libertés de la personne humaine.

Issa Djiguiba

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