Taoussa : Les enjeux d’un barrage libérateur
L’un des temps forts de la visite du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga dans la région de Gao du 17 au 20 février 2023 a été l’annonce de la reprise des travaux de la construction du barrage de Taoussa. On espère que cette fois-ci sera la bonne, puisque le projet a souffert de l’instabilité dans le nord du pays. La transition est déterminée à réussir là où les autres ont échoué à cause des agissements des groupes armés qui ne veulent pas d’un important pôle économique qui pourrait être le barrage en question. Taoussa, c’est l’espoir de toutes les communautés de la région dont le défi reste la lutte contre la pauvreté et l’influence négative des hors-la-loi.
Les ennemis de la stabilité du Mali sont opposés aux grands projets de développement dont la réalisation du barrage de Taoussa. Ce projet que la transition s’apprête à relancer ne date pas d’aujourd’hui. Le 6 février 2010, le Président de la République du Mali d’alors, Amadou Toumani Touré, a posé, dans une atmosphère festive, la première pierre du Projet d’Aménagement de Taoussa. Situé dans la région de Gao, cet important projet possède différentes composantes dont l’aménagement d’un barrage qui devra, selon ses concepteurs, créer un réservoir d’une grande capacité pour maintenir un débit d’étiage qui favorisera la régénération des écosystèmes du fleuve Niger et la pérennité des activités socio-économiques.
Mais les fossoyeurs du Mali n’ont pas donné le temps à l’Etat de mener les travaux envisagés à l’époque. La réhabilitation de l’environnement et la lutte contre la désertification, la sécurité alimentaire à travers le développement des cultures par submersion et des cultures irriguées, le développement de l’élevage, l’amélioration de la production piscicole et la mise à disposition d’énergie électrique, constituent, entre autres, les grands objectifs assignés à ce projet. La transition a repris à son compte ce projet d’aménagement qui constitue, selon Aloussenou Sanou, le ministre de l’Economie et des Finances, un enjeu majeur de développement socio-économique de la sous-région en général, et du Mali en particulier et plus spécifiquement la partie nord du pays.
C’est pourquoi l’Etat du Mali, à travers ses partenaires techniques et financiers, lève une somme de 167,930 milliards pour sa réalisation. La construction du barrage a débuté depuis février 2010, et les travaux ne devraient durer que 6 ans. Il est situé à 130 km à l’ouest de Gao. La table ronde organisée le 4 mars 2021 est intervenue onze ans après la pose de la première pierre du barrage à Taoussa. Cette rencontre a permis d’une part, de faire le point de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la feuille de route issue d’une table ronde organisée en 2018 et d’autre part, d’échanger sur les stratégies de redémarrage des travaux du barrage.
Selon les estimations, la réalisation du projet permettra l’absorption de la quasi-totalité de la main d’œuvre de la zone tout en assurant l’autosuffisance alimentaire dans la zone, l’augmentation des revenus monétaires annuels des populations, un accroissement de près de 3% du cheptel, une production de 7.800 tonnes de poissons par an et de 118 GWh/an pour couvrir une partie des besoins en énergie de la zone. En termes d’efforts, l’Etat malien a mobilisé plus de 5 milliards de Francs CFA pour l’équipement et le déploiement des Forces armées maliennes et de sécurités ainsi que la prise en charge des prestations de la société de sûreté (ADES) et la mise en œuvre des mesures de sûreté issues du plan d’actions.
Soumaila Diarra
