Lettre Ouverte

Reconduction de la peine de mort au Mali : l’enseignant Moussa Abdoulaye Guindo au Président de la transition

Monsieur le Président,

Suivant avec intérêt la trajectoire de la transition, nous constatons et déplorons la pratique inexorable du détournement de fonds publics.

Lors de votre discours, vous avez déclaré, je cite : « Si j’échoue, c’est toute la jeunesse malienne qui a échoué ».

Monsieur le Président, ces mots retentissent comme un gong dans l’esprit de la jeunesse, chaque fois qu’elle prétend abandonner. Pour cela, nous voulons rester actifs dans le développement durable de notre chère patrie, le Mali. Nous reconnaissons les efforts pharamineux consentis par la transition, seulement il y a un aspect qui préoccupe énormément la jeunesse malienne. Cet aspect n’est autre que les détournements extraordinaires de fonds publics. Nous sommes à la fois ébahis et étonnés des possibilités sourdent pour lutter contre le détournement des fonds publics.

Par conséquent, il est dubitativement évoqué l’application de la peine de mort afin d’éradiquer le détournement de fonds publics. Cette proposition récurrente ne fait tout de même pas l’unanimité car la population est partagée entre respect des textes, modification des textes, pardon et empathie. Se basant sur les droits de l’homme, certains citoyens s’opposent avec véhémence à l’application de cette peine de mort. Ils consolident leur position en avançant l’instauration du moratoire sur les exécutions en date de 1980. Selon eux, le Mali rétentionniste serait plutôt abolitionniste. Imitant le modèle français, voire acceptant certains traités internationaux, le Mali avait institué, faudra-t-il le rappeler, un moratoire sur les exécutions et signé des traités sans pourtant ratifier les pactes visant l’abolition définitive de la peine de mort. Parmi ces traités, figure la convention relative aux droits de l’enfant du 21-09-1990 signée en 1990 par le Mali. Cette partie de la population estime que la peine capitale n’est pas une sanction dissuasive. Elle trouve qu’elle est faillible. La même catégorie de la population estime également que la peine de mort ne respecte aucunement le droit à la vie et qu’elle est partiale. Depuis de nombreuses années, plusieurs organisations militent pour que la peine capitale soit abolie. Ces organisations réfutent la peine capitale, prétextant qu’elle ne protège pas la population.

Cependant, l’autre partie des Maliens souhaite l’application de cette même peine de mort comme sanction pénale contre les crimes. Cette catégorie de population apprécie différemment cette sanction et pense qu’elle est et reste un moyen dissuasif aux cas de vols aggravés, aux pillages et aux détournements de fonds publics. D’aucuns estiment que la peine capitale n’est nullement une sentence cruelle ou inhumaine. Au contraire, les défenseurs de l’idée rassurent qu’elle permette l’instauration de la loyauté, de l’honneur, de la dignité et de l’instauration des valeurs morales que certains maliens semblent omettre.

Monsieur le président,

La question blessante est que cette population n’arrive pas à concevoir comment un individu jouissant de toutes ses facultés mentales peut s’adonner à des détournements de fonds publics dans la situation actuelle du pays, sachant bien qu’au-delà de la crise sécuritaire, des citoyens maliens font une descente aux enfers pour étancher leur soif. Mais qu’à cela ne tienne, les auteurs et complices des crimes ont également droit à la vie, voire une vie digne. La même population estime que la modernité n’est pas synonyme de justice. Elle rappelle également que l’article 8 du code pénal de 1961 modifié par une ordonnance en date de 1973 prévoyait la fusillade. La loi N°99 AN-RM du 03 août 1961 prévoyait la peine de mort (article 4) pour les crimes graves contre l’Etat ou les personnes, notamment l’assassinat, le parricide, l’empoisonnement, le vol aggravé, la trahison, la sédition, l’espionnage, l’incendie, la destruction par explosif du bâtiment public, le complot contre l’Etat…

Rappelons que la peine capitale était également prévue pour les crimes économiques. L’ordonnance N°6 du 13 février 1974 portant répression des atteintes aux biens publics prévoyait la peine capitale pour tout détournement de fonds publics d’un montant supérieur ou égal à vingt millions de f CFA (article 2, alinéa 7, paragraphe C). La dernière exécution au Mali remonte au 21 août 1980. Selon les informations, le Mali a approximativement connu 24 condamnations à mort entre 1987-1990 à cause du détournement des fonds publics. Notons que la peine capitale est appliquée dans plus de 50 Etats à travers le monde. Nous pouvons citer les États-Unis, la Chine, l’Inde, les Émirats Arabes Unis, la Biélorussie, etc. Cette peine capitale est une sentence irréversible. Et comme déjà annoncé par William Shakespeare, « la pitié devrait être la vertu de la loi ». En clair, la gestion d’une nation ne saurait être rondement menée par des doutes et des émotions. Il est néanmoins impératif et urgent de trouver une solution implacable pour sauver les pauvres maliens qui n’ont que leurs oreilles pour s’informer et leurs yeux pour pleurer. Pour terminer, un proverbe chinois dit : « Les principes gouvernent les gens honnêtes, les lois gouvernent les méchants ».

Moussa Abdoulaye Guindo, enseignant du secteur privé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.


Notice: ob_end_flush(): failed to send buffer of zlib output compression (0) in /home/lepaysml/public_html/wp-includes/functions.php on line 5420