Les locaux du Mémorial Modibo Keïta ont servi de cadre, le samedi 29 novembre, pour le démarrage des travaux de la première édition du Forum National de l’Agriculture Biologique et de l’Agroécologique au Mali (FNABIO). Organisé par l’ONG-AMSD en collaboration avec la direction nationale de l’agriculture, la CNOP et plusieurs partenaires, ledit Forum a été placé sous le thème, « l’agriculture biologique et l’agroécologie face aux défis du changement climatique et de la souveraineté alimentaire au Mali ». La cérémonie d’ouverture a eu lieu sous la présidence du département de tutelle et le haut parrainage du directeur national de l’Agriculture, M. Souleymane Yacouba, non moins représentant du ministre de l’Agriculture.
Les trois jours de rencontre ont été consacrés à des expositions de produits biologiques et agroécologiques ; des débats ; foires ; panels ; animations ; formations ; visites de marché biologique et de fermes bio, ainsi qu’à des remises de trophées à certains participants. Via ce Forum, il s’agissait de promouvoir l’agriculture biologique et l’agroécologie pour renforcer les systèmes alimentaires ; renforcer la concertation nationale entre producteurs, consommateurs, décideurs, politiques, chercheurs et partenaires techniques et financiers pour le développer la vision commune sur l’agriculture biologique et l’agroécologique. Parmi les objectifs fixés figuraient la promotion et la valorisation des savoirs locaux axés sur les pratiques agroécologiques et biologiques en mettant en avant leurs bénéfices pour la santé, l’environnement, le climat et l’économie nationale ; voire d’amener les décideurs (politiques, administratifs et traditionnels), le secteur privé, les partenaires techniques et financiers et la société civile à des prises de décisions en faveur du financement durable de la transition agroécologique… Ainsi, ledit Forum a également permis de mettre en exergue les acquis du mouvement social de la transition agroécologique et biologique portée par la société civile et les acteurs du développement durable au Mali. Dans son discours d’ouverture, le représentant du ministre a rappelé qu’au Mali, l’agriculture constitue le socle de l’économie et de la sécurité alimentaire employant près de 70% de la population active. Elle contribue à environ 40% du PIB national avec une superficie agricole de près de 46 millions d’hectares de terres, dont au moins 15% sont exploités de façon intensive. Et le directeur national de l’agriculture de souligner que le secteur agricole fait vivre 70% de la population active, également principal employeur des jeunes et des femmes en milieu rural. Dans le même temps, a déploré M. Souleymane Yacouba, l’usage des engrais chimiques fait que « l’on constate la dégradation rapide des terres, la perte de la biodiversité, le risque sanitaire pour nos producteurs et consommateurs ». Pour alors répondre à ces différents défis, a-t-il précisé, le présent Forum a été initié afin de discuter et de trouver des pistes de solutions.
Les paysans invités à nourrir sans détruire
Au nom de l’ONG-AMSD, M. Amidou Diawara a été clair, « nous envoyons aujourd’hui un message clair : l’avenir agricole du Mali doit être durable, sain, souverain ». Aussi, a poursuivi le président de l’ONG, le présent Forum a permis de faciliter l’éveil de conscience des populations sur les dangers de la pollution de l’environnement à travers l’utilisation abusive des produits chimiques, synthèses toxiques dans l’agriculture ; des semences OGM avec les risques sur la santé humaine, animale et végétale. D’après lui, ce Forum s’est tenu au moment où le Mali traverse des perturbations profondes de son agriculture, à savoir des pluies irrégulières ; une dégradation accélérée des sols ; une forte dépendance aux intrants chimiques ; une pression croissante sur les ressources naturelles… « Nous ne sommes pas réunis pour suivre une tendance ou défendre une idée marginale. Nous sommes ici pour réaffirmer un choix de société. Un choix fondé sur la dignité, la justice climatique, la sécurité alimentaire et le respect du vivant », a-t-il évoqué, estimant que le FNABIO 2025 sonne comme un signal fort. Et le président de l’ONG-AMSD de finir par dire, « nous devons tourner la page et bâtir un modèle agricole qui nourrit sans détruire, qui produit sans empoisonner, qui développe sans exclure », a-t-il prodigué.
Mamadou Diarra
