Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Son Excellence Monsieur Abdoulaye Diop, accompagné de ses homologues du Burkina Faso et du Niger, a présidé le 26 novembre 2025 à Ouagadougou une réunion capitale des ministres de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette rencontre, préparatoire à la deuxième session du Collège des Chefs d’État prévue à Bamako les 22 et 23 décembre 2025, a constitué une étape charnière dans la consolidation de cette jeune organisation née en juillet 2024 à Niamey. Elle a permis de dresser un bilan des avancées, d’examiner les projets d’instruments juridiques et de rapport d’activités, et de tracer les perspectives pour renforcer la coopération entre les trois pays membres.
Dès l’ouverture des travaux, les allocutions des ministres Karamoko Jean Marie Traoré du Burkina Faso et Bakary Yaou Sangaré du Niger ont salué les « progrès considérables » réalisés par l’AES dans ses trois piliers fondamentaux : Défense et Sécurité, Diplomatie et Développement. Le discours d’ouverture du ministre malien Abdoulaye Diop a ensuite donné le ton, insistant sur la portée historique de cette réunion et rappelant que « moins d’un an et demi après la création de la Confédération AES, des progrès considérables ont été réalisés ». Il a mis en avant les succès des Forces armées et de sécurité, y compris de la Force unifiée AES, face aux groupes armés terroristes opérant dans la région. Malgré les ingérences extérieures et le soutien avéré de certaines puissances étrangères à ces groupes, les forces confédérales ont démontré leur capacité d’adaptation et leur efficacité sur le terrain.
Le ministre Diop a dénoncé avec vigueur l’extension des attaques terroristes à la sphère économique, visant les circuits d’approvisionnement et les moyens de production, ainsi que la campagne médiatique hostile qu’il a qualifiée de « terrorisme médiatique ». Selon lui, certains organes de presse occidentaux se sont transformés en relais de la propagande des groupes armés, minimisant les victoires des forces locales et passant sous silence les souffrances des populations. Face à cette situation, il a rendu hommage aux victimes civiles et militaires du terrorisme, saluant la bravoure et le patriotisme des Forces de défense et de sécurité ainsi que la résilience des populations du Sahel.
La solidarité entre les États membres a été particulièrement mise en avant. Le ministre malien a exprimé sa gratitude envers le Burkina Faso et le Niger pour leur soutien lors de la crise énergétique récente. « Les dizaines de citernes de carburant gracieusement offertes par la République du Niger illustrent l’esprit de solidarité agissante de la Confédération AES », a-t-il déclaré, soulignant que les difficultés d’un État deviennent des opportunités de coopération et de soutien collectif. Ce geste, accompagné par la sécurisation des convois de carburant par les forces des trois pays, illustre la complémentarité et la fraternité qui animent la Confédération.
Sur le plan diplomatique, les ministres ont réaffirmé leur volonté de parler d’une seule voix sur la scène internationale. Diop a salué le leadership visionnaire des trois Chefs d’État, Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani, dont le patriotisme panafricain constant a permis de renforcer l’intégration sous-régionale.
Il a rappelé la décision de faire de l’AES un espace sans visa pour les ressortissants de la CEDEAO, une mesure symbolique de rapprochement entre les peuples du Sahel et ceux de l’Afrique de l’Ouest. Toutefois, il a regretté le manque de suivi de la part de la CEDEAO après les discussions entamées en mai 2025 à Bamako, insistant sur le fait que « le Burkina, le Mali et le Niger n’ont donné mandat à aucun pays pour demander de l’aide en leur nom ».
Dans le domaine du développement, les résultats concrets des rencontres sectorielles ont été mis en avant : la mise en place du prélèvement confédéral pour mobiliser des ressources internes, la création de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AES), les projets de compagnie aérienne, ainsi que des initiatives structurantes dans les télécommunications et la culture. Le free roaming AES, la coordination des télévisions nationales, la création de médias confédéraux et l’adoption d’un logo, d’un drapeau et d’un hymne témoignent de la volonté de donner une identité forte et visible à l’organisation. « Ces avancées démontrent qu’avec une vision politique et un engagement subséquent, nous sommes en mesure de réaliser les nobles objectifs fixés par nos Chefs d’État », a affirmé Abdoulaye Diop, concluant sur une note d’optimisme.
À l’issue des travaux, les ministres ont adopté un relevé de conclusions et publié un communiqué de presse, confirmant la dynamique positive de la Confédération. En marge de la réunion, ils ont été reçus en audience par le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, renforçant ainsi la dimension politique et symbolique de cette rencontre. L’ensemble des interventions a traduit un optimisme réaliste, fondé sur les avancées déjà réalisées et sur la conviction que l’AES, malgré son jeune âge, est en mesure de répondre aux aspirations des populations du Sahel. Cette réunion de Ouagadougou apparaît ainsi comme une étape charnière dans la consolidation de la Confédération, qui se prépare à franchir un nouveau cap lors de la prochaine session du Collège des Chefs d’État à Bamako.
Ibrahim Kalifa Djitteye
