A 7 kilomètres à l’Ouest de Bourem, sur les rives calmes du Fleuve Niger, se trouve Konkoron, un village discret où est née Zeynabou Sidi Boubacar, il y a 42 ans.
Aujourd’hui matrone au CSCOM de Gangano, elle incarne le courage discret et l’amour profond pour sa communauté. Tout ce qu’elle entreprend, depuis une décennie, c’est au nom des siens !
Son parcours est le même pour tout villageois dont les débouchés scolaires sont assez limités. Un parcours qui débute ainsi comme beaucoup d’autres : école primaire au village, second cycle à Bourem, puis lycée à Gao.
Mais dans la grande ville, la faim et l’absence de soutien familial brisent ses rêves scolaires. « J’avais faim dit-elle sans sourciller. Je ne pouvais pas poursuivre mes études le ventre creux… » confie-t-elle encore, sans détour !
Elle rentre à Konkoron. Sans le baccalauréat. Encore moins sans Diplôme. Mais tout de même, non sans volonté !
Ce retour n’est pas une fin. C’est un nouveau départ.
Zeynabou se glisse discrètement dans les couloirs du Centre de Santé de Référence de Bourem, apprenant sur le tas, jour après jour. Une injection ici, une assistance pour un accouchement là, un enfant à réconforter en pédiatrie. Elle observe, aide, apprend.
Puis 2012 arrive, avec son lot de chaos : les Jihadistes envahissent la zone. Plusieurs agents de santé fuient. Zeynabou reste.
Dans ce vide laissé par la peur, elle trouve sa place. Des formations s’enchaînent. L’expérience s’approfondit.
En 2015, le CSCOM de son village ouvre enfin ses portes. Qui mieux qu’elle pour tenir le pavillon de la maternité ? Personne.
Depuis cette date, et sous le veuvage en ce moment, mais jamais seule dans l’effort, elle est active et forme un duo infatigable avec le médecin du CSCOM. Jour et nuit, ils veillent sur la santé de leur aire, même quand la seule pinasse servant aux évacuations est immobilisée. Ni l’eau, ni la fatigue, ni le contexte sécuritaire ne l’arrêtent.
Zeynabou Sidi Boubacar se considère comme une fille de la terre, tandis que les populations du coucher du soleil de Bourem attestent que c’est une main sûre pour les naissances et bien d’autres services sanitaires.
À celles-ci, elle rétorque pour nous, le plus simplement : « Je suis fière d’accompagner mes parents dans ce domaine précieux qu’est la santé » Et c’est tout !
Mais pour ceux qui savent ce que cela représente dans cette partie du pays : cela veut dire énormément.
(Source BURAM TIIRAA)
