La ville de Kadiolo traverse une crise énergétique majeure.
Depuis une dizaine de jours, l’approvisionnement en carburant s’est progressivement tari, plongeant la population dans le désarroi.
Avec l’envolée des prix et la ruée vers la frontière, face à la fermeture des pompes, le marché noir a immédiatement pris le relais, imposant des tarifs prohibitifs. Le litre d’essence, lorsqu’il est disponible, se négocie désormais entre 1 000 et 1 500 FCFA la bouteille chez les revendeurs informels.
Pour tenter de se ravitailler, de nombreux habitants se sont rués vers la localité voisine de Zégoua. Cependant, la pénurie y est aussi palpable : seule une station assurait encore le service ce mardi, provoquant des files d’attente interminables pour obtenir du carburant à 775 FCFA le litre. D’autres, plus désespérés, n’hésitent pas à franchir la frontière ivoirienne pour s’approvisionner à Pogo (RCI), où le litre est vendu à 840 FCFA.
Des citernes pleines, mais pas pour la population ?
Le paradoxe est frappant. Selon plusieurs témoins, cette pénurie ne serait pas due à une rupture de stock nationale. Plus d’une centaine de camions-citernes seraient actuellement stationnés au niveau de la douane de Zégoua et du second cycle de Kadiolo-Dioulasso.
Selon les révélations d’un pompiste local, la cause serait purement spéculative. Les opérateurs économiques, basés à Bamako, refuseraient de livrer les stations-service au prix officiel de 765 FCFA. Ils privilégieraient un client bien plus offrant, les exploitants miniers chinois. Ces derniers, opérant dans les mines d’or semi-industrielles du cercle, achèteraient le carburant au prix fort de 875 FCFA le litre.
La population appelle les autorités à sévir.
Cette situation de détournement présumé des stocks vers les sites d’orpaillage suscite une vive colère. Diakalia, un habitant de Kadiolo, se fait le porte-voix de cette indignation : « Les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour que Kadiolo soit ravitaillé en priorité. Si rien n’est fait pour empêcher l’essence de traverser la ville pour être vendue plus cher aux miniers, cette crise va paralyser tout le cercle. »
Les regards sont désormais tournés vers l’administration locale, sommée d’agir pour réguler la distribution et mettre fin à cette spéculation qui asphyxie l’économie locale. À suivre….
Sadia Camara / Radio Foundara kadiolo
