A LA UNENATIONPOLITIQUE

Rencontre avec Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU : Le M5-RFP dévoile les 5 handicaps de la Transition

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, M. Jean-Pierre Lacroix est à Bamako depuis le dimanche 17 janvier dernier, pour une visite de plusieurs jours. Cette visite est survenue après seulement quelques jours des attaques terroristes qui ont ciblé les Casques bleus dans les régions de Tombouctou et de Kidal. Pour l’occasion, M. Lacroix a souhaité rencontrer les acteurs sociopolitiques de notre pays, dont le M5-RFP, le mouvement qui est à la base du départ de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keita du pouvoir.

Cette rencontre entre M. Jean-Pierre Lacroix et les partis membres du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), à sa tête, M. Choguel Kokalla Maïga, s’inscrit dans le cadre de l’évolution de la situation du Mali dans cette période transitoire.

Selon M. Maïga, les questions d’ordre sécuritaire, social et économique sont suffisamment connues et constituent des préoccupations communes et partagées de tous les Maliens. Il décide, en ce sens de centrer son intervention essentiellement sur la transition politique en cours dans notre pays.

Pour M. Maïga, la transition souffre principalement et fondamentalement, de façon non exhaustive de cinq handicaps majeurs qui sont entre autres : la souffrance des organes de la Transition d’un déficit avéré de légitimité, car selon lui, ils ont tous été installés en violation des idéaux et valeurs pour lesquels le changement a été réclamé par le peuple malien. Le difficile accouchement des organes de Transition a également souffert d’absence totale d’un minimum de consensus et de confiance des forces vives de la nation, selon Dr Choguel Kokalla Maiga.

La transition souffre, à en croire le président du MPR, d’une tare congénitale due à l’incapacité notoire à appréhender à leurs justes mesures et dimension, les vrais défis auxquels la nation doit s’attaquer, l’ordre des priorités et comment les aborder et les prendre en charge. Aussi, cette transition souffre, aux yeux de Choguel et alliés, de la militarisation outrancière de l’appareil politique et administratif de gestion de l’État fait courir de gros et inutiles risques aux Forces armées et de sécurité.

Pour M. Maïga, cette trop grande implication de l’armée dans la gestion politique, qui n’est pas leur cœur de métier, a au moins deux inconvénients majeurs, à savoir : distraire et détourner les FAMa de leur mission classique légale qui est la défense du territoire, la sécurisation des personnes et des biens et la lutte contre le terrorisme ainsi que l’enlisement des FAMa dans les luttes et joutes politiques, et l’imputation subséquente de la responsabilité d’échecs politiques éventuels, avec les graves et irréparables dommages sur l’image et la réputation des Forces de défense et de sécurité.

Et enfin, selon M. Maïga, les autorités de la Transition ont perdu totalement la boussole qui doit les guider pour réaliser par ordre de priorité les objectifs et impératifs du changement qui sont : la sécurisation des personnes et des biens, la lutte contre le terrorisme. La justice pour les victimes des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako ainsi que celles de Kayes et Sikasso, les réformes politiques, institutionnelles et administratives sur une base consensuelle et inclusive, la création des conditions d’élections libres, transparentes et crédibles pour éviter des crises postélectorales, la lutte contre la corruption et l’impunité…

Par ailleurs, le porte-parole du M5-RFP pense qu’en ramenant la Transition à la seule organisation des élections, sans tirer les leçons des crises politiques passées, de la crise sécuritaire et des coups d’État à répétition n’est autre qu’une trahison à la mémoire des victimes tombées pendant la lutte héroïque du peuple porté par le M5-RFP. « Nous trahirons l’idéal pour lequel des millions de Maliens se sont battus contre l’ancien régime. Mais par-dessus tout, nous poserons, peut-être sans le vouloir, des bombes qui, les mêmes causes produisant les mêmes effets, exploseront plus tard, créant du coup les conditions de nouvelles crises et de nouveaux motifs d’instabilité », a-t-il laissé entendre.

Par rapport à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (APR), M. Maïga pense qu’il faut impérativement faire le bilan des cinq dernières années. « Nous veillerons en particulier à poser les questions suivantes : qu’est-ce qui bloque ou retarde la mise en œuvre de l’APR ? Que faut-il faire et comment faire, pour avancer plus vite ? », s’interroge-t-il.

Outre cela, il rappelle que pour le M5-RFP, faire le bilan de la mise en œuvre de l’Accord de paix et la réconciliation issu du processus d’Alger permettra aux Maliens de trouver les consensus indispensables pour se projeter avec optimisme dans l’avenir. On doit, dit-il veiller scrupuleusement à préserver ce qui n’est pas négociable, à savoir l’unité nationale, l’intégrité du territoire, la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire ainsi que la forme républicaine et laïque de l’État.

Ibrahim Djitteye

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