Prétendue alliance avec Wagner : Le Burkina Faso va-t-il subir la même pression que le Mali ?
Les États-Unis ont menacé les nouvelles autorités burkinabè de toute alliance avec la de sécurité privé russe, Wagner. Cela, aux lendemains du soutien annoncé du patron de Wagner à la junte au pouvoir. Après les Etats-Unis, la France va-t-elle, elle aussi, faire des chantages contre le Burkina Faso comme elle l’a fait avec le Mali ? Le futur nous le dira.
Le capitaine Traoré Ibrahim a été salué, aux lendemains de son coup d’État contre Damiba, par le patron du groupe de sécurité privé russe, Evguéni Prigojine. Ce dernier a écrit sur les réseaux sociaux que le renversement de Damiba était « nécessaire pour le bien » de la population du Burkina Faso. Dans son messager, il a jeté les pierres dans le jardin des Européens en indiquant que « jusqu’en janvier dernier, le peuple du Burkina Faso était sous le joug des colonialistes qui pillaient le peuple ».
Ce message de salutation a été fait pendant que le peuple burkinabé, dans sa majorité, est déçu de la coopération militaire avec la France et ses alliés. La preuve : c’est le drapeau russe que les manifestants ont toujours brandi. La revendication populaire, c’est d’aller vers la Russie. La question qu’il faut se poser : c’est un partenariat entre Etat-Etat ou un partenaire, qu’il soit d’un groupe de sécurité russe, capable de lutter efficacement contre le terrorisme ? Seules les nouvelles autorités du Burkina ont la réponse à cette question. Mais, celles-ci n’ont pas caché leur volonté d’aller vers d’autres partenaires, y compris russes.
Au lieu que la France, dont le partenariat avec le Burkina Faso est menacé, réagisse, curieusement, ce sont les Etats-Unis qui ont fait des mises en garde à l’endroit des autorités burkinabè. Ces mises en garde à l’endroit d’un pays souverain peuvent être considérées comme des menaces.
En effet, le pays de Biden a mis en garde le capitaine Traoré contre les risques d’une alliance avec Wagner. Face à la presse, selon nos confrères de Jeune Afrique, un porte-parole du département d’État américain, Vedant, a déclaré : « Les pays où le groupe (Wagner) a été déployé se retrouvent affaiblis et moins sûrs, et nous avons constaté cela dans plusieurs cas rien qu’en Afrique ». Il a ajouté que les Etats-Unis condamnent « toute tentative d’empirer la situation actuelle au Burkina Faso, et nous encourageons fortement le nouveau gouvernement de transition à se conformer au calendrier convenu pour un retour à un gouvernement civil démocratiquement élu ».
Cette menace des Etats-Unis va-t-elle freiner la volonté du capitaine Ibrahim Traoré d’aller vers la diversification des partenaires ? Le futur nous le dira. Mais si, à cause de ces menaces, il décide de ne continuer qu’avec ses partenaires historiques dont la France, il aura décidé son départ prématuré de la présidence du Faso. Et s’il décide d’agir selon la volonté de son peuple, cette menace des États-Unis n’est que le début d’une « diabolisation » dont son pays sera victime. Dans ce cas, il doit aussi s’attendre à la foutre de la France, de l’Union européenne et même des organisations régionales et sous-régionales africaines, notamment la Cedeao.
Boureima Guindo