MEDIASNATIONPOLITIQUE

Perspectives politiques au Mali Sortir du creuset des ambitions individuelles exacerbées et du champ des négociations compromettantes : La nécessaire rédemption !

Le lambardeau politique national, nous a plutôt habitués à la floraison de candidatures pour l’élection présidentielle. La pléthore  de candidats le dispute à la superposition et au plaquage des programmes de campagne. Mais disons-le tout net, l’expérience de la course effrénée à la candidature n’a jamais rejailli sur le niveau qualitatif ou la diversité des offres politiques. Il a tout simplement noyé le discours politique dans une litanie sans fin sur les médias nationaux (ORTM, Chaine2 et Quotidien National Essor), conduit  à la minoration du temps d’antenne et mis au grand jour la confusion des logos, des couleurs, des animaux de la faune.

Ainsi, le citoyen électeur s’est trouvé confus, éberlué, perdu face à la déferlante des messages, aux innombrables visages, aux commentaires fantaisistes des animateurs de radios privées et plus récemment des réseaux sociaux. Tournant quelques fois, à la farce et au ridicule, un processus aussi important que le choix de la première des institutions de la République. Par nos pratiques, on n’en est arrivé à personnifier et minorer le dessein politique, pourtant louable de propositions et d’offres nécessaires, face à l’immensité des défis et des enjeux qui se jouent pour notre peuple et nos concitoyens. Notre personnel politique, pourtant si imprégné de leçons et de vertus de la démocratie depuis l’heure multipartiste, a péché par sa propension à faire du sort et de la vie de millions de maliens, un champ de jeu malsain où malice et compromission sont de règle.

Oui notre pays, ne peut indéfiniment rester l’épicentre de petits positionnements, de petits arrangements aux mains d’une infime élite composite de politiques, de “clergés”, d’administrateurs et d’opérateurs économiques. Cette caste constituée et formée au sortir du noble combat de notre peuple en 1991, prédestiné “révolutionnaire” mais dévoyé et extraverti par une partie des élites assoiffées, des affairistes tapis, du “clergé” activiste, est toujours arrivée à nous imposer jusqu’ici le tempo, la cadence. Il importe que nous sortions de là,  l’heure du sursaut patriotique à sonner, le temps est venu de recoller l’intérêt du citoyen, de susciter la participation du plus grand nombre de nos concitoyens à la définition et à la mise en œuvre de vrais politiques de développement.

Quel paradoxe saisissant, le personnel politique malien 30 ans après Mars 1991 encore dans la phase du “yoyo”, du “hihihi hoho ha haha” du regretté Fernando Mutchatcha : mais enfin, dédions nous véritablement à l’intérêt supérieur de la nation. Rompre avec le souk de promotion sociale par la politique, rompre avec le culte du vernissage. Revenons à plus de modestie, cultivons encore plus simplement les pratiques saines pour la quête de cette démocratie pourtant noble et sans alternative. Le constituant de 1992 a bien parlé de multipartisme intégral mais il était certainement à mille lieux d’imaginer que de cette assertion naitrait 200 partis politiques, 100 associations à relents politiques et plus encore que : multipartisme intégral pouvait induire candidatures intégrales.

Les joutes présidentielles de 2022, nous interpellent : citoyens lambda, professionnels des medias et communicateurs traditionnels, cadres politiques et leaders religieux. Reformons nos mœurs politiques, reformons nos ambitions et nos ego. Sortons de ce cercle vicieux ou tous prônent le Changement, se réclament de la Refondation, du Renouveau, sans accepter d’en payer le prix.

Puisque tous semblent être d’accord sur sa nécessité et son inéluctabilité, fermentons un champ fertile au CHANGEMENT.  Oui nous pouvons et devons à partir de ce rendez-vous historique 2022, réunir les conditions précurseurs de “refondation” et de “renouveau” non par incantation et désinvolture mais par responsabilité et volontarisme. La solution est endogène, blâmer Madame PARLY et Monsieur MACRON, dénoncer le discours d’investiture du voisin BAZOUM, s’attarder sur les raisons historiques des problèmes qui nous assaillent, rien n’y fera. Donnons un socle politique solide à l’institution présidentielle, préparons une trajectoire politique dégarnie, une forteresse de légitimité incontestable au prochain locataire de Koulouba.

Il est illusoire de croire que la loi constitutionnelle, organique ou législative, que le règlement peuvent tout régler, quelle leurre !!! Sans plus attendre, éduquons nos pratiques, reformons nos attitudes vers plus de devoir et plus de responsabilité. Donnons à la pratique politique de notre pays plus d’élan, d’engagement désintéressé et patriotique. A cet égard, la fragmentation actuelle du paysage politique nationale, interpelle surtout quand on sait qu’elle ne se justifie par aucun clivage idéologique ou programmatique entre forces antagonistes. Mais s’explique simplement par le souci pour certains de satisfaire à leurs exigences clientélistes et/ou carriéristes.

Aux acteurs politiques et aux candidats en herbe, quel bel hymne pour le Mali, quelle belle occasion pour la Rédemption : donnons un sens noble à la politique à travers la prochaine élection du Président de la République. Aujourd’hui il s’impose, pour la clarté des propositions et programmes  que la candidature soit l’émanation  de regroupement. Le M5RFP, EPM, la plateforme Jiguiya Kura, l’ARP, d’autres regroupements ou forces politiques, doivent s’efforcer de présenter chacun un candidat unique. La crédibilité de l’élection est à ce prix; passer la barre des 8-9 candidats, la présidentielle devient une foire d’empoigne et n’intéressera plus personne.

Pour cela, les regroupements pourront convenir librement du mode de désignation (primaires en interne, portrait-robot suivant des critères objectifs, etc…) pourvu que l’exercice fasse tache d’huile. Un programme concerté, collégial et cohérent adossé à une vision politique claire crédibilisera davantage auprès de l’opinion les candidatures en nombre raisonnable.   L’élection du Président de la République migrera ainsi de la soi-disante fête de la démocratie (tam-tam, tambour, orchestre, engagement de groupes de mobilisation, rassemblement de curieux) vers le sérieux de la démocratie (clarté de l’offre politique, nombre limité d’engagements avec indicateurs de mesure …).

 

De grâce, arrêtons avec la profusion de candidatures, avec les candidatures fantaisistes. On n’est pas candidat par principe, on n’est pas candidat par positionnement pour de futures négociations et arrangements. Au surplus, admettons qu’il n’existe pas de tradition de candidature (genre j’ai toujours été candidat). Que non, on est candidat par conviction, par la force et le sérieux de l’offre politique, par la capacité et la volonté d’apporter des solutions aux maux du pays “réflexion made in mali”, pour soulager la souffrance des maliens, pour contribuer véritablement au développement socio-économique du pays.     Donnons du sens aux entités et blocs politiques existants déjà,  formons des entités et blocs par affinement idéologique ou/et programmatique pour se faire.

Ce recentrage des forces, va préfigurer la recomposition du paysage politique en le rendant plus compact, moins émietté et  contribuera sans doute à revaloriser la crédibilité des acteurs et du discours politique.

Par ailleurs, le mandat présidentiel au Mali est limité à 5 petites années, faisons l’effort là aussi  de recentrer les propositions. Il ne sert à rien d’insulter l’intelligence de nos compatriotes en promettant monts et merveilles, ciel et terre. Un nombre limité et succincte d’engagements à travers quelques axes stratégiques clairement définis suffirait à éclairer, de mon point de vue, les promesses des candidats.

A titre illustratif un modèle d’engagement basé sur 5 axes stratégiques désagrégés en 20 actions (soit 5 actions par axe), aussi simple et accessible pourrait inspirer :

Axe1 : Opérationnaliser la Gouvernance

Axe2 : Développer l’Economie

Axe3 : Améliorer la Sécurité

Axe4 : Renforcer la Formation

Axe5 : Pacifier le Climat Social

Chers Messieurs/Dames, responsables et leaders politiques de ce pays, chefs religieux, leaders d’opinions, personnes d’influence,  saisissons l’opportunité de cette belle occasion. Oui les leçons des 60 années du Mali indépendant, je dis bien, toutes les leçons de cette séquence-là, nous commandent l’introspection  collective. Classe politique du Mali, tu as spécifiquement là, l’opportunité d’une rupture mémorable par les CAP (Comportements, Attitudes et Pratiques). Mettons de côté pour un temps les glorioles de l’histoire des empires. Celle-là d’ailleurs à mes yeux,  ne doit constituer (par monts et par vaux)  ni motif ni argument de complexe mais bien tremplin et encouragement à se transcender davantage.

Correspondance particulière

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