Monde du travail : Vers un pacte de stabilité sociale
Le Centre international de conférence de Bamako (Cicb) a abrité, ce lundi 17 octobre 2022, l’ouverture de la conférence sociale. Avec comme thème : le dialogue social, « Outil de promotion de la paix sociale et de la performance de l’économie nationale », cette conférence regroupe plus de 500 participants venus de tous les coins du Mali.
Tradition oblige. La maire de la commune III du district de Bamako, Mme Djiré Mariam Diallo, a salué la tenue de cette conférence sociale. Selon elle, le Mali qui connait de multiples grèves ces dernières années a besoin de telle rencontre qui va aboutir à une stabilité sociale.
Nécessité d’un climat social apaisé
A l’entame de ses propos, la ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Diawara Aoua Paul Diallo, a précisé que la « Conférence sociale dans le domaine du travail est l’occasion pour nous de poser des jalons d’une évolution permettant à l’ensemble des acteurs sociaux d’avoir une convergence de vue pour l’apaisement du climat qui a été fortement perturbé au cours des cinq dernières années ».
Après avoir souligné une évolution profonde des mouvements syndicaux et à la multiplication des revendications catégorielles de tout genre, la ministre a indiqué : « En termes de statistiques, le ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social avec ses services centraux et déconcentrés ont enregistré respectivement 114 préavis de grève en 2019, 125 en 2020, 103 en 2021 pour les secteurs public et privé ». Pour elle, le front social doit d’être apaisé rapidement.
Selon elle, les conflits de travail montrent que les multiples revendications syndicales dans les secteurs public et privé ont porté sur entre autres : l’exercice de la liberté syndicale ; les revendications salariales et l’amélioration des conditions générales de travail; la représentativité syndicale ; la gestion des carrières ; la santé et la sécurité au travail ; les licenciements ; la gestion des départs volontaires ; la gestion des compressés ; les questions d’intégration des contractuels dans la fonction publique et, la sécurisation des lieux de travail.
S’agissant des natures des revendications, la ministre précise qu’elles concernant la révision de statuts autonomes ou l’adoption de nouveaux statuts autonomes en violation des dispositions constitutionnelles, la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, mais aussi l’octroi d’accessoires de salaires que sont les primes et indemnités. « Ces revendications ont des répercutions préjudiciables dans l’application des textes de base tels que le statut général des fonctionnaires dans le secteur public, le plus souvent vidé de son essence, mais aussi des conventions collectives dans le secteur privé », a-t-elle laissé entendre. Elle ajoute : « Dans les fonctions publiques d’État et des collectivités territoriales, des disparités existent entre agents d’une même fonction publique. Ces disparités portent essentiellement sur les grilles salariales, les primes et indemnités et la gestion des carrières. De ce fait, le niveau de détérioration du climat social nous impose d’interroger les causes réelles de cette détérioration d’une part et l’exercice du droit de grève au Mali d’autre part ».
Cette rencontre importante a été l’occasion pour la ministre de demander le recadrage du pluralisme syndical. « La création de plusieurs centrales syndicales et syndicats libres et autonomes a multiplié les interlocuteurs de l’État et ceux des organisations patronales. Ainsi, pour résoudre ce problème, la mise en œuvre du pluralisme syndical doit être encadrée ainsi que l’autorité de tutelle par rapport à la création des organisations syndicales », a-t-elle laissé entendre, avant de déplorer : «Aujourd’hui, chacune de ces centrales syndicales revendique le droit de représenter les intérêts de l’ensemble des travailleurs soit au sein des conseils consultatifs nationaux comme le Conseil économique, social et culturel, le Conseil supérieur du travail, le Conseil supérieur de la fonction publique soit dans les organes de délibération des établissements publics ».
Pour le gouvernement, il y a une nécessité d’identifier les organisations syndicales les plus représentatives, pour assurer l’équité de traitement et renforcer par la même occasion le dialogue social. Cette conférence permettra donc de poser l’ensemble des problèmes sociaux dans le domaine du travail sur la table, afin d’en faire un sujet global de discussion.
A en croire la ministre Diallo, la volonté « des pouvoirs publics d’associer les partenaires sociaux aux réformes envisagées résulte de la conviction du Gouvernement qu’un consensus est nécessaire entre les principaux acteurs du monde du travail pour résoudre les questions économiques et sociales importantes, promouvoir la bonne gouvernance et favoriser la paix et la stabilité sociale et économique ».
Selon la ministre du Travail et de la Fonction publique, les recommandations qui sortiront de cette conférence vont sans nul doute favoriser l’élaboration d’un pacte de stabilité sociale et un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations. « Les thèmes qui seront développés tout au long de cette conférence sociale, notamment sur la liberté syndicale, le dialogue social et la politique de rémunération, nous permettront, j’en suis sûre, d’aboutir à des résolutions et recommandations pour un climat social apaisé pour le plus grand bien de l’administration malienne tout bord confondu et le secteur privé qui est le moteur de la croissance tant attendue par notre pays », a-t-elle indiqué.
Pour sa part, le Premier ministre par intérim a rassuré les travailleurs de la volonté des autorités à aboutir à un pacte de stabilité sociale. « Les pertinentes recommandations auxquelles vous parviendrez, au cours de vos travaux aussi bien en plénière qu’en ateliers permettront de donner un contenu essentiel au futur document de pacte de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance dont notre pays a tant besoin et aideront le Gouvernement à endiguer les remous et contestations de nature corporatiste reposant quand même sur des fondements de droits : droit au travail, droit à une vie décente, droit au repos et j’en passe », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga.
Boureima Guindo