G5-sahel : Les décisions du sommet de N’Djamena !
La 7ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État du G5 Sahel s’est tenue le 15 février 2021 à N’Djamena, en République du Tchad. Ce sommet auquel ont pris part les Chefs d’État de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et le ministre français des Affaires Étrangères, a pris d’énormes décisions allant dans le sens de la lutte contre le terrorisme et du développement du sahel.
Les chefs d’État du G5-sahel ont , au cours du Sommet tenu à N’djamena, pris plusieurs décisions sur la lutte contre le terrorisme, le développement du sahel, la dette du sahel…
Sur la situation sécuritaire
Selon le communiqué final, les Chefs d’État ont noté une amélioration de la situation sécuritaire dans les pays du G5 Sahel. Une amélioration qui traduit, selon eux, la détermination des Forces de défense et de sécurité (FDS) engagées sur le terrain ainsi que la résilience croissante des populations face à la menace terroriste. Même si, au Mali, certains citoyens manifestent pour le départ des troupes françaises, les chefs d’État du G5 -Sahel, eux, ont salué les efforts des partenaires en faveur du G5 Sahel et de ses États membres. Ils ont à cet égard, souligné le rôle essentiel joué par la force BARKHANE et ont rendu un hommage appuyé aux nombreuses victimes civiles et aux soldats tombés sur le champ d’honneur de la lutte contre le terrorisme au Sahel. « lls se sont félicités de la bonne collaboration ainsi que de l’amélioration progressive de la coordination entre les FDS des pays du G5 Sahel, la Force conjointe et les forces partenaires, tout en appelant à la poursuite et à la consolidation de cette dynamique. Ils ont appelé à une meilleure coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Multinationale Mixte (FMM) de stabilisation du Bassin du Lac Tchad », indique le communiqué.
Les Chefs d’État ont exprimé des préoccupations relatives à la persistance de zones d’insécurité et à la diffusion des menaces, notamment vers le Sud du Sahel. Aussi, ont-ils accordé une attention particulière à la situation en Libye.
Le Sommet de N’Djamena a également décidé à poursuivre la lutte contre le terrorisme, à travailler à la réinstallation des populations déplacées internes et à accélérer le retour de l’État dans les zones sécurisées. Ce sommet a été aussi l’occasion pour les Chefs d’État du G5 Sahel de réitérer leur appel « lancé à la communauté internationale et au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour un soutien conséquent à la Force conjointe en la plaçant sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et en lui assurant un financement pérenne ». Ils ont, selon le communiqué, exprimé le souhait de la création d’un Bureau des Nations Unies spécialement dédié au soutien à la Force conjointe . Les 5 Chefs d’État ont rappelé la mise en place du Fonds fiduciaire de la Force conjointe dont la gestion est assurée par un Comité de soutien sous la responsabilité du Secrétaire exécutif du G5 Sahel. «Les Chefs d’État ont rappelé la pertinence du dispositif de défense et de sécurité du G5 Sahel prenant en compte (i) le renforcement des capacités des acteurs avec des structures de formation que sont le Collège de défense du G5 Sahel à Nouakchott, le Collège sahélien de sécurité à Bamako et l’Académie régionale de police à Koundoul (Tchad), (ii) la collecte des informations et le partage de renseignements à travers la Plateforme de coopération en matière de sécurité et le Centre de fusion des renseignements à Niamey, (iii) l’analyse stratégique et l’alerte précoce avec le Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce à Ouagadougou, (iv) des unités opérationnelles à travers la Force conjointe du G5 Sahel », indique le communiqué.
Une autre décision importante de ce sommet sur le plan sécuritaire, c’est le « Prix du Sahel pour la promotion de la culture de la Paix ». « Les Chefs d’État ont décidé, sur initiative de la République Islamique de Mauritanie, de mettre en place un prix dénommé « Prix du Sahel pour la promotion de la culture de la Paix » décerné aux individus, institutions ou organismes publics, privés ou de la société civile ayant le mieux œuvré pour la prévention et la résolution des conflits et pour la culture de la paix et de la tolérance entre les communautés dans l’espace Sahel », a précisé le communiqué qui ajoute que l’instruction a été donnée au Conseil des ministres et le Secrétariat exécutif de travailler à la mise en place des mécanismes de ce prix.
Sur le développement
A ce niveau, les chefs d’État se sont félicité pour l’avancée des travaux des projets existants et encouragé d’autres. Ainsi, ils se sont félicités de la réalisation, sur fonds propres, de l’étude de faisabilité du projet de construction du chemin de fer du G5 Sahel (le Trans sahélien). « Ils ont rappelé que cette démarche témoigne de leur attachement à la réalisation de projets d’envergure renforçant l’intégration régionale et la création d’opportunités dans tous les domaines. Ils ont invité le Conseil des Ministres et le Secrétariat exécutif à prendre les dispositions pour donner suite au projet à travers notamment la recherche de partenariats stratégiques », indique le communiqué. Ils ont également salué les actions développées par l’Alliance Sahel dans le cadre du financement des projets de développement et particulièrement la finalisation de la conception de la Facilité G5 Sahel portée par le Ministère allemand de la coopération économique et de développement (BMZ), pour une enveloppe initiale de 50 millions €, dont le démarrage est prévu pour 2021 en accompagnement au Plan d’actions du Cadre d’actions prioritaires intégré (CAPI).
Sur la réforme du Secrétariat exécutif du G5 Sahel
Sur ce point, les Chefs d’État ont instruit le Conseil de Ministres et le Secrétariat Exécutif à accélérer la finalisation du processus de réforme entamé pour doter l’organisation d’une structure institutionnelle efficace pour la mise en œuvre de sa stratégie. Aussi, ont-ils adopté, le principe de la révision de la Convention de création du G5 Sahel pour prendre en compte les implications issues de la réforme et instruit le Conseil des Ministres et le Secrétariat de prendre les dispositions y relatives.
Sur la Dette
Conscients des difficultés auxquelles leur zone est confrontée, les chefs d’États ont demandé l’annulation pure et simple de la dette des pays du G5 Sahel. Aussi, ils ont salué le moratoire du service de la dette initié par le G20 et ont remercié les institutions et les personnalités qui contribuent fortement au plaidoyer des pays subsahariens autour de la problématique de la dette. Ils ont, enfin, adopté une Déclaration sur la dette appelant à la mobilisation de toutes les parties prenantes pour une profonde restructuration de la dette des pays du G5 Sahel afin de pouvoir apporter une réponse aux attentes urgentes et légitimes de leurs populations.
Sur la situation au Mali
La question particulière du Mali a été évoquée. A ce niveau, après avoir salué la tenue du CSA à Kidal, ils ont encouragé les parties prenantes à consolider cette dynamique positive et exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien au Mali durant cette phase de Transition afin de réaliser des progrès substantiels notamment dans le volet défense et sécurité dudit Accord. «Les Chefs d’État ont réaffirmé leur attachement à l’unité et à l’intégrité de la République du Mali. Ils se sont félicités de la mise en place de l’ensemble des organes de la Transition. Ils ont renouvelé leur disponibilité à accompagner le processus en cours tout en appelant de leurs vœux sa pleine réussite », a indiqué le communiqué.
Par ailleurs, les Chefs d’État se sont félicités de la mobilisation de la communauté internationale, à travers la mise en place de la Coalition pour le Sahel, suite à leurs appels répétés. Ils ont salué l’opérationnalisation diligente de la Coalition tout en nourrissant l’espoir que l’engouement observé puisse se traduire par de meilleurs résultats à tous les niveaux sur le terrain. Ils se sont aussi félicités de la signature d’un Accord de partenariat entre le Secrétariat exécutif du G5 Sahel et le Secrétariat de la Coalition pour le Sahel.
Le sommet de N’Djamena a également insisté sur l’importance de la mobilisation de la Communauté internationale aux côtés des pays du Sahel et ont lancé un vibrant appel à l’implication et l’engagement de tous les partenaires.
Boureima Guindo