Djélibougou : accusée de sorcellerie, elle échappe de justesse au lynchage public
A Djélibougou, en commune I du district de Bamako, le séjour d’une femme venue dans la capitale pour des funérailles s’est soldé, la semaine dernière, par des humiliations publiques. La bonne dame, accusée de sorcière, a échappé à la mort après avoir été huée et honnie par la foule.
Dans la ville des trois caïmans, des jugements parfois portés sur l’apparence d’une personne peuvent être source de malheur ou de drame. Cela fait figure du cas d’une villageoise venue à Bamako pour des funérailles. D’une source concordante, tout porte à croire que la triste scène est survenue courant la semaine dernière au quartier Djélibougou sis en commune I de la capitale malienne. « La victime dont nous tairons le nom était venue du village pour participer à une cérémonie de funérailles à Bamako. Au cours de son séjour, elle-même est tombée malade et a décidé de se rendre au marché en vue de se procurer des médicaments traditionnels », explique une source. Chose qui ne fallait pas. Parce qu’il a fallu l’arrivée de la dame sur le marché de Djélibougou pour que le vent du malheur et de la colère souffle. Dès son arrivée au marché, elle a été huée par un enfant déficient mental qui a au moins 5 ans. L’enfant criait et qualifiait la dame de sorcière. C’est ainsi que des cris et des alertes ont dramatisé la situation en incitant pas mal de gens à entrer dans la danse », indique-t-on. Alors qu’elle s’était fait accompagner par deux membres de sa famille, la bonne dame a été malheureusement brutalisée devant ses connaissances. Les deux membres de sa famille, ébahis de la tournure de la situation, sont vite retournés à la maison pour alerter la famille. Avant l’arrivée des autres, la dame continuait à endurer toute sorte d’humiliations. Des faits qui auraient même abouti au déshabillage public de l’intéressée, selon les indiscrétions. La foule, croyant aux propos de l’enfant souffrant de déficience mentale, s’est ainsi laissée emportée et demandait à la dame de guérir l’enfant. La victime tenait, malgré les pressions et les ironies, à soutenir qu’elle n’est ni sorcière et n’a aucun moyen pour guérir l’enfant. Elle soutenait qu’elle n’est pas à l’origine de la maladie de l’enfant. En dépit des supplications, la foule continuait à honnir la dame impuissante face aux cris des uns et des autres. « La bonne dame a même subi l’épreuve des éloges dont l’objectif était de la pousser pour qu’elle dévoile son statut de sorcière. Mais la foule a été contrainte de lâcher l’intéressée, après s’être rendue compte que les gris-gris et les solutions mises en pratique pour qu’elle dévoile son statut de sorcellerie n’ont servi à rien », a-t-on appris d’une source sûre. La famille de l’incriminée est en passe de saisir la juridiction compétente pour que le droit soit dit dans cette affaire.
Mamadou Diarra