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Cour d’Assises de Bamako : Amadou Haya Sanogo et coaccusés libérés dans le cadre de la Loi d’entente nationale, des victimes fustigent « l’impunité »

Comme on pouvait s’y attendre, le fameux procès Amadou Aya Sanogo et coaccusés ou l’affaire dite « bérets rouges » s’est achevé. Le verdict tant attendu depuis plus de 7 ans (de 2013 à nos jours) a, ce lundi 15 mars 2021, finalement été rendu par la cour d’Assises de Bamako. À cet effet, les juges, se focalisant sur une Loi d’entente nationale, ont décidé de libérer le général Amadou Aya Sanogo et ses compagnons. Une décision de justice contestée et perçue comme « l’impunité » et « le déboire judicaire » par des victimes. 

Des avis partagés sur le sujet, pas de consensus. Au moment où  les avocats des familles de certaines victimes de l’évènement de 2012 et ceux de la défense estiment que le droit a été dit par la cour, d’autres victimes déplorent « l’impunité et le déboire judiciaire » dans ce procès. La raison de leur déception est toute simple : la cour devrait dire le droit et punir les coupables, même si la loi d’entente nationale existe. « Quand nous avons quitté Sikasso pour Bamako, c’était pour les tests ADN des 21 bérets rougets assassinés. Le Jugement devrait normalement commencer par ça. Mais il  a été plutôt rendu sur la base des exceptions et la loi d’entente nationale. C’était un procès déjà arrangé en avance, je m’attendais à cela », explique Amina Soumaré, victime des évènements (enlèvements ; viols ; assassinats survenus lors du coup de force de 2012). D’une voix désolante, cette victime a entonné que la loi d’entente nationale dont il est question ne pardonne pas les crimes et les faits délictuels causés par les-ex-militaires putschistes (Amadou Aya et coaccusés).

 « La loi d’entente nationale est très claire. L’article 4 de la loi exclut tous ceux qu’ils viennent de dire. Je ne me fatiguerais pas pour me pourvoir en cassation au Mali, parce que le verdict sera le même », a-t-elle dit. Pour être encore plus compréhensible, Amina Soumaré déclare que le bon Dieu fera cette justice : « Lorsque tu prends tes frères d’armes, creusant un trou  pour ensuite les assassiner par rafale avant de les enterrer, le bon Dieu ne va pas te laisser ».Elle dit vouloir  saisir la justice internationale. « Là-bas, le droit sera dit. Aujourd’hui, les juges ont enterré la justice malienne, ils ont fait la honte du Mali vis-à-vis des ratifications que le Mali a faites », a-t-elle exprimé, taxant le président de la transition : « Lors de son investiture, Bah N’Daw nous avait promis de mettre fin à l’impunité. Il devrait lier la parole et à ses actes à travers ce procès ».

Le pire, ajoute-t-elle, ces militaires au pouvoir peuvent se permettre de tuer les citoyens en espérant sur un autre fait d’amnistie du pays. « Il ne peut y avoir d’entente sur le mensonge et l’impunité, le droit n’a pas été dit », a-t-elle dit.

Pour Me Abdourahamane Touré, avocat de la défense, « nous pensons que la cour a rendu une bonne décision qui rentre dans le cadre de la loi et de l’ordonnancement juridique au Mali. C’est cela que nous attendons aussi, parce qu’on se plaigne de la non-application chaque fois qu’on prend une nouvelle loi ».

Le législateur malien a pris cette loi d’entente nationale, et il était logique que la cour accepte la demande de sa mise en œuvre, exprime l’avocat Touré qui corroborait que tous les accusés ont été libérés par la cour.

Le porte-parole du collectif des 21 bérets rouges déçu du procès !

« Ça me plaisait  qu’il y ait de condamnations dans ce dossier pour punir les coupables. Parce que Fousseyni Diarra dit Fous qui fait partie des accusés reconnaissait, lors de son audition,  avoir fait de rafales sur les bérets rouges assassinés. Il l’a dit lors de son audition. Ce qui veut dire qu’il n’a pas regretté ce qu’il a fait, donc il devrait être condamné », martelait Ismaïla Fané, le porte-parole du collectif des21 bérets rouges disparus. Sûr de ses mots, il prévient que cette histoire de loi d’entente nationale risquerait de poser d’autres problèmes dans les jours à venir. « Je démissionne de mon poste de porte-parole des 21 bérets rouges qui ont été interpellés jusque chez eux avant de les tuer par l’ex-junte, et continuerais à me battre jusqu’à ce que le droit soit dit dans cette affaire », a-t-il ajouté, prédisant qu’il y a d’autres affaires sombres cachées dans ce procès.

Mamadou Diarra

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